L’impatience de réussir sa thérapie…

Il y a quelque chose de profondément beau dans l’engagement en thérapie. Venir, semaine après semaine, affronter ce qui fait mal, mettre des mots là où il y avait du silence, essayer de comprendre, de réparer, de transformer. C’est un vrai courage. Mais parfois, ce courage vient aussi avec … de l’impatience.

Oriane Mercier Psychologue

« Je devrais aller mieux », « J’ai l’impression de stagner », « Je ne comprens pas pourquoi je suis encore bloqué(e) là-dessus », « Est-ce que je suis en train de rater ma thérapie ? ».

Ces phrases ont pu traverser l’esprit de certains patients. Et je les comprends. Parce que moi aussin en tant que psychologue, je ressens parfois cette impatience. Celle de voir aller mieux, plus vite. Celle de vouloir les voir se libérer de ce qui les freine.

Mais la thérapie ne répond pas à la logique de la performance. Et encore moins à celle de la ligne droite.

 

Le mythe d’une chemin « linéaire »

 

Dans l’imaginaire collectif, on avance en thérapie comme on gravirait une montagne : chaque séance serait une marche de plus, un progrès visiblen un étape de franchie. Mais la réalité, c’est qu’on ne fait pas toujours ce chemin là, et que parfois on avance plutôt en « spirale ».

On revient sur les même sujets, encore et encore. Avec à chaque fois un regard un peu différent, un mot nouveau, une nuance qui n’était pas là avant. Et ça, c’es déjà du mouvement.

Les apparents retours en arrière ne sont pas des échecs. Ils font partie du processus. Parfois, il faut comprendre une chose plusieurs fois, sous plusieurs angles, pour pouvoir enfin la digérer, l’intégrer, la vivre autrement.

 

Le piège de vouloir « bien faire »

 

Souvent, les patients veulent « réussir » leur thérapie. Faire ce qu’il faut. Dire ce qu’il faut. Comprendre vite. Guérir bien. Mais il n’y a pas de bonne manière de faire une thérapie. Il n’y a pas de vitesse idéale. La thérapie, c’est un espace où on peut aussi se tromper, résister, douter, se taire, revenir en arrière, ralentir, s’arrêter, recommencer.

C’est justement dans ces moments-là que le travail se fait. Pas à pas. En prenant le temps qu’il faut. Et parfois, c’est dans l’instant où l’on accepte de ne pas avancer, que quelque chose se débloque.

 

Et si on n’avait rien à « réussir » ?

 

Et si l’objectif n’était pas de réussir sa thérapie, mais simplement de la vivre ?

D’être là, autant que possible, avec ce qu’on ressent, même quand c’est flou, confus, désagréable.

De rester en lien, même quand on a l’impresion que « ça ne sert à rien », qu’on « tourne en rond » ou que « c’est flou ».

De faire confiance à ce processus étrange, lent, parfois invisible, mais tellement vivant.

 

Pour conclure …

 

Oui, c’est frustrant. Oui, on aimerait aller plus vite. Moi aussi, parfois. Mais on ne guérit pas d’une blessure en l’ignorant, ni en lui mettant la pression. On guérit en lui laissant l’espace d’exister, de s’exprimer, de cicatriser à son rythme. C’est un peu comme si vous aviez le bras cassé, le médecin peut vous donner des médicaments, faire un plâtre, opérer… mais seul votre corps fera le travail de guérison totale, et il faut du temps !

Alors si vous êtes en thérapie, et que vous vous sentez « trop lent », « pas assez efficace », « en retard »… respirez. Vous êtes exactement là où vous devez être. Et c’est déjà beaucoup.