« Moi aussi, j’aimerais que ça aille plus vite… » -Réflexions d’une psychologue.
En tant que psychologue, je rencontre chaque jour des personnes courageuses. Des personnes qui osent parler, parfois pour la première fois, de leurs douleurs, de leurs peurs, de leurs blocages. Elles arrivent souvent avec une attente très humaine : que ça change, que ça passe, que ça se règle. Et si possible … rapidement.
Ce que je ne dis pas toujours, c’est que moi aussi, j’aimerais que ça aille vite.
J’aimerais pouvoir soulager immédiatement cette angoisse qui serre la gorge, effacer d’un mot cette culpabilité tenace, ou encore recoller, d’un simple regard bienveillant, les morceaux d’une estime de soi abîmée…
Mais la réalité de la thérapie, c’est qu’elle ne suit pas notre rythme idéal. Elle suit un autre tempo : celui de la personne, de son histoire, de ses résistances, de ses prises de conscience… et de tout ce qui a mis parfois des années à se construire ou à se figer.
La tentation de l’accélération
« Moi aussi, j’aimerais que ça aille plus vite… » -Réflexions d’une psychologue.
Parfois, dans une séance, on pourrait avoir l’envie d’aller plus vite. De « pousser » un peu plus, de donner une réponse, un raccourci. Parce que votre souffrance est là. Parce que certains mécanismes psychiques sont compréhensibles. Mais comprendre n’est pas intégrer. Et entendre une solution ne veut pas dire savoir déjà l’appliquer.
La thérapie ne se résume pas à « comprendre pourquoi je vais mal ». Elle est un processus de transformation profond, qui demande souvent de passer, et repasser, par les mêmes endroits, de revisiter des douleurs anciennes, d’apprivoiser ce qui effraie, de créer de nouveaux chemins là où il n’y a que des impasses.
Une autre logique que celle de la performance
Dans notre société où tout doit aller vite, être efficace, mesurable, la thérapie peut paraître frustrante. Et pourtant, elle suite une autre logique. Celle du vivant. Celle de l’humain. Celle du respect de chacun.
Alors oui, il y a parfois des avancées spectaculaires en peu de temps. Mais souvent, le changement est plus subtil. Il prend la forme d’un déclic, d’un mot nouveau, d’un comportement un peu différent. Et il s’installe, pas à pas.
Un engagement commun
Si je choisis d’écrire ces lignes, c’est pour rappeler que derrière mon fauteuil de thérapeute, il y a aussi un être humain. Qui croit profondément en la capacité de chaque personne à évoluer, à son rythme.
Je ne suis pas là pour accéler le processus à tout prix. Je suis là pour l’accompagner, le soutenir. Même (et surtout) quand ça semble long, lent ou flou.
Alorsn à toutes celles et ceux qui se demandent « Pourquoi ça prend autant de temps? » , je répondrais simplement : parce que vous êtes en train de faire quelque chose de grand. Et que les choses importantes prennent du temps, même si ça peut paraître long, ça en vaut la peine.
Et moi je suis là. Avec vous. Pas pour aller plus vite. Mais pour y aller vraiment.
Oriane Mercier Psychologue Anxiété